Pour ceux qui ne seraient pas coutumier de leur entreprise musicale, BORKNAGAR est un quatuor de Black Metal Norvégien, ou plutôt en était un. Son style allant du Black au Viking en passant par le Prog, le Folk a laissé à la postérité de grands albums tels que Quitessence (2000) et Empiricism (2001) pour ne citer que ceux-ci… Pour la petite histoire, le nom du groupe est l’anagramme du terme Ragnarok, qui pour information est la bataille de la fin du Monde dans la mythologie Nordique.
Sur ce nouvel opus, on s’éloigne amplement des considérations légendaires et mythiques des Dieux Vikings pour de préférence produire une musique plus intimiste et introspective par le biais de sonorités acoustiques. Guidé par son fondateur Oystein G. Brun (guitares), le groupe est toujours constitué de Vintersorg (chants), de Lars A. Nedland (pianos, claviers) et de Asgeir Mickelson (batterie). Poursuivant son évolution musicale hors des sentiers battus, BORKNAGAR fait figure d’ovnis dans le panel des groupes de Metal Nordiques. Le dernier en date, septième album du combo, est un opus purement acoustique dénommé Origin. Ceux qui sont familiers avec leur oeuvre savent à quel point ses musiciens sont sensibles aux musiques acoustiques et classiques.
Afin d’obtenir ce son organique, les Scandinaves ont eu recours aux services d’un de leurs ancien compagnon Tyr (basse) qui a apporté son jeu tout en subtilité, à Sareeta et Thomas Nilsson pour les cordes les ayant aidé à obtenir ces atmosphères "forestières" et l’icône de la flûte Norvégienne Steinar Ofsdal qui a ajouté une dimension mystique aux compositions. Tradition visuelle oblige, c’est de nouveau le batteur Asgeir Mickelson qui s’est chargé du design et de la couverture de l’album. Origin, comme pour mieux remonter à la genèse de l’Homme contient huit morceaux plus une ré-interprétation complètement différente du titre « Oceans Rise » figurant sur leur album Archaic Course (1998). Les textes conversent de la création de l’Univers et de la place qui y tient l’Homme, de la Nature et des actions anormales qui retiennent les hommes dans un combat perpétuel. Les arrangements mélodiques grâce aux violons et aux violoncelles, l’apport du piano et des synthés fournissent une myriade d’atmosphères. Surtout, grâce aux harmonies de Vintersorg, l’album fourmille d’idées vocales, adjoignant aussi des arpèges purs et limpides, des passages à la flûte coruscante et des violons contemplatifs. Les éléments rythmiques que sont la batterie et la basse sont en retrait pour mieux laisser s’exprimer ce suc de la douceur et de la légèreté. Les titres que sont « Grains », le très classique « White » (écoutez les cordes et les instruments à vent) ou « Acclimation » sont à même de tendre dans cette direction.
Avec « The Spirit of Nature », on s’imaginerait presque dans une fête de village Viking, en plus posé. Un final dansant et entraînant. Un bon album profond et suave qui ravira à coup sûr les passionnés d'environnements songeurs. Rien de génial non plus, BORKNAGAR a le mérite de livrer un album personnel où il se fait plaisir. Ravir les fans les plus durs, seul l’avenir le dira. Peut-être les inconditionnels de JETHRO TULL y trouveront-ils leurs comptes…