L’inspiration génère t’elle l’admiration ou l’indifférence ? L’adulation engendre t’elle la passion ou le prosélytisme ? En gros, peut on puiser son style chez un tiers sans vergogne, et créer quelque chose d’entièrement nouveau ? Oui, c’est possible, si on rate la cible. Tous les grands musiciens vous le diront, c’est en tentant de singer leurs idoles qu’ils ont réussi à trouver leur propre personnalité. C’est en copiant Chuck Berry que John Lennon a écrit « Come Together ». C’est en essayant d’imiter les BAY CITY ROLLERS que les RAMONES ont déniché leur son. CQFD. Mais ces gens là avaient déjà une forte emprunte musicale qui de toute façon les aurait mené au succès. J’éprouve quelques doutes quand à la capacité de STRIDE à suivre leurs traces.
Faites écouter l’album à quelqu’un qui n’est pas spécialiste en musique, donc à fortiori en progressif. Il vous dira ceci : « Ce sont d’excellents musiciens, les chansons sont fabuleuses, mélodiques, entraînantes, le chanteur à une voix agréable, j’aime bien ». Et il aura raison. Ce postulat est vrai. Tout est en tout point parfait chez STRIDE. Il y a du heavy pour les amateurs, de sublimes mélodies, de l’énergie à revendre, tout ce qu’on exige d’un bon groupe. « The Waiting » est une ballade à ranger aux cotés de « Lights » de JOURNEY. L’instrumental « Ion Drive » ne ferait pas tache sur un album de Steve Vaï. Les 7 minutes 42 secondes de « Role Model », soft song de rigueur, passent sans lasser, et feraient presque penser a un très bon inédit de BOSTON, période « Third Stage ». « Face The Day » met encore une fois en valeur les qualités vocales de Gary Belin, avec un refrain bien puissant en cadeau. « Time », qui clôt l’album, révèle un mid tempo accrocheur, qui laisse une bonne impression, très bonne même.
Mais voila, il y a un problème, qui m’a sauté aux yeux assez vite. J’ai déjà éprouvé ça il y a quelques années. Lorsqu’un tout jeune groupe, qui venait de changer de chanteur a sorti son troisième album. Le guitariste venait du prestigieux Berklee College of Music, comme le batteur et le bassiste. Ils étaient allés chercher un excellent chanteur canadien, qui collerait parfaitement à leur musique. Ils s’appelaient John, Mike, John, Kevin et James. L’album s’intitulait « Images And Words ». Eux, DREAM THEATER. C’était en 1992. Il y a bientôt 15 ans.
Depuis, le style a évolué, leur musique aussi. Alors vous comprendrez que reproposer des formules déjà parfaites il y a quinze ans, ça n’est pas le plus utile. Mais oubliez que j’ai dit ça, et écoutez STRIDE l’esprit vierge. Après tout parfois, on a juste besoin de savoir qu’on est en train d’écouter de la bonne musique. Le reste du monde se chargera bien de savoir qui a réglé l’addition en premier. Laissons ça aux encyclopédiens du rock. Eux, ils n’écoutent pas, ils analysent. Laissons les dans leur cénacle. Ecoutez Imagine. Les bonnes vibrations se font rares de nos jours…