Les Death métalleux ont parfois des passions qui ont tendance à casser le mythe du gros dur. Ainsi, à leurs heures perdues, les gars de COMMON GRAVE aiment faire du scrapbooking, comme le prouve la pochette de leur premier album, Dehumanized. Un scrapbooking thématique pour le coup puisque chaque photo vient illustrer et condamner un monde soumis au capitalisme, au totalitarisme et aux fanatismes religieux. Le message a le mérite d'être clair. Fortement influencés par le Death made in USA, les Allemands ne révolutionnent pas le genre, mais le résultat est diablement efficace et la musique du combo n'est pas moins virulente que le monde qu'il entend vitupérer. Somme toute, la musique de COMMON GRAVE est d'abord le produit de cette société. Ecouter Dehumanized, c'est comme être pris dans une manif, entre d'un côté des manifestants en colère et de l'autre, des CRS bien équipés : on en ressort aussi cassé qu'après une pluie de matraques. Les assauts répétés mêlent brutalité, groove (« Sick On Speed », « Lethal Faith », « Instinct »), rupture de rythmes (« Matter Of Opinion ») mais aussi des riffs qui témoignent d'une réelle maîtrise (« 657 », « Carnivore »). C'est un fait : COMMON GRAVE frappe un grand coup avec Dehumanized et rentre dans la cour des grands sans respecter les formalités d'usage. Et ceux à qui cela ne plairait pas, vous n'avez qu'à vous plaindre au growleur de service, Ferenc Horvath, qui n'a pas l'air content du tout. Mais attendez au moins qu'il ait fini son exercice de broderie, sinon ça va vraiment chier...