Il est parfois bon de revenir aux bases. Et, pour moi, … And Justice For All de METALLICA fait partie de ces bases. C’est un grand album d’un grand groupe. Le dernier avant un virage pour le moins discutable.<br< Indéniablement le meilleur album du groupe en ce qui me concerne, il est aussi le plus complexe, le plus froid, le plus distant et le plus inspiré. Accouché dans la douleur suite au décès de Cliff Burton, bassiste du groupe, la douleur et la rage se sentent à tous les tournants de l’écoute. Que ce soit dans les morceaux eux-mêmes, dans la voix de James Hetfield ou dans le son de la guitare, les choses ont changées. Elles sont plus tranchantes et certainement plus virulentes, malgré un ralentissement général du tempo des morceaux.
En 1988, date de la sortie de cet album, une batterie n’avait jamais sonnée comme elle sonne sous les coups de Lars Ulrich. Un son de caisse claire qui claque et surtout une grosse caisse énorme. On en a l’habitude aujourd’hui, mais à l’époque, c’était vraiment inédit. Dommage que le jeu de Lars ne suive pas autant que le son…
Les compositions sont complexes, comme je l’ai dit, et donc plus longues. Et, quand l’album est sorti en vinyle, il était double. Deux morceaux sur trois des faces et trois sur la dernière. Ce qui en faisait aussi une écoute un peu hybride, hors norme. On n’avait pas l’habitude de mettre la face d’un disque pour seulement deux morceaux ! La pochette est aussi très distante, avec cette justice aveugle, sauf à la vision de l’argent. Et l’intérieur était très noir. Noir… c’est bien ce qui caractérise ce … And Justice For All.
D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que le premier titre est « Blackened ». Un des rares morceaux encore un peu speed - avec un break beaucoup plus lent - avec « Dyers Eve ». Pour le reste, le tempo est lourd et le son très électrique des guitares ajoute une couche pour venir peser sur nos épaules. Il est dommage que le groupe ait volontairement occulté la basse au mixage (James et Lars n’en sont plus très fiers aujourd’hui) parce qu’elle aurait pu amener un niveau supplémentaire dans la lourdeur des compositions.
… And Justice For All c’est aussi l’album de « One ». Cette chanson mythique fut aussi la première mise en clip par le groupe. Elle est inspirée du film Johnny Got His Gun (Johnny S’En Va En Guerre, en français) et raconte l’histoire d’un homme blessé à la guerre et qui est enfermé dans son corps, sans moyen de communication avec le monde (plus de jambes, de bras, de voix, de vue…). Son esprit crie tant qu’il peut son envie de mourir, mais personne ne peut l’entendre. C’est un des meilleurs morceaux du groupe, d’une rare beauté sur la première partie et d’une rare violence sur la fin. Il possède une construction similaire à « Fade To Black », mais avec quelques années d’expérience supplémentaires.
Le titre « … And Justice For All » est un des deux plus longs morceaux de l’album. Plus de 9 minutes ! Et pourtant, elles passent toutes seules. Son compagnon de route, c’est « To Live Is To Die », une quasi-instrumentale ou seule quelques mots viennent troubler le repos des notes.
Parmi les titres plus anecdotiques, je citerais « The Shortest Straw » et « The Frayed Ends Of Sanity », qui n’ont jamais vraiment pris avec moi. Pour le reste, c’est du tout bon.
Certains regrettaient le côté speed du groupe. Personnellement, j’ai toujours trouvé qu’il y avait gagné à le laissé tomber pour quelque chose de plus complexe, plus posé. Malheureusement, le groupe n’a pas poursuivit dans cette direction. En tous cas … And Justice For All reste un album fort, encore aujourd’hui, même si ce que représentait le groupe à l’époque a bel et bien disparu.