Quatrième chapitre pour L’ESPRIT DU CLAN, après le très réussi Corpus Delicti, et le Thrash mélodique remplace un peu plus encore le Harcore brutal des débuts.
Inutile de tourner autour du pot, d’autant plus qu’à force ça file le tournis, L’enfer C’est Le Notre est une réussite totale, et donne au CLAN une envergure internationale, le plaçant à la hauteur de formations européennes et US haut la main !
On continue le travail d’affinement déjà bien amorcé avec les deux chapitres précédents, et le premier changement notable se situe au niveau des textes qui laissent un peu tomber le côté rage d’adolescent incontrôlable pour aborder un registre plus adulte et plus mur.
Au niveau production, rien à redire, si ce n’est un son de batterie un peu linéaire et synthétique, bien rattrapé par des guitares hargneuses et un chant puissant à l’extrême.
Mais parlons un peu musique je vous prie. Le virage ultra mélodique s’amorce dès le premier morceau (si l’on excepte l’intro), et les lignes de guitares de « Violente Mélancolie » annoncent la couleur, le nouveau CLAN sera harmonieux ou ne sera pas !
Ce qui n’empêche pas « Nouvelle Drogue » de débouler sans crier gare, avec son tempo rapide et son chant plein de haine. « Voici ta nouvelle drogue » comme leitmotiv, et force est d’admettre qu’ils ont raison ! On pense immédiatement à AT THE GATES voire un late SLAYER pour l’inspiration infernale enrobée sous un glaçage séduisant, avec toutefois un pont bien Death que n’auraient pas renié les DISMEMBER !
On est prévenus « Ce chapitre vous est dédié »…
La pédale de frein s’écrase sur « Je Regarde Le Monde », constat amer mais terriblement réaliste d’une planète ou tout part en couille. Une fois de plus, l’ingrédient Death vient brouiller les pistes et témoigne de la volonté du groupe de ne pas s’enfermer dans un style bien déterminé. Grand bien leur en a pris !
La mise en place est carrée, rien n’est laissé au hasard, on appelle ça la maturité !
Mais « La Nuit » enveloppe tout d’une aura de mystère, et le décalage permanent entre un chant hurlé et un climat étrange nous fait doucement mais sûrement glisser un peu plus dans l’univers d’un album décidément multicarte !
« La Théorie Des Armures » pousse un peu plus loin les débats, et rappelle même en certaines occasions le KILLSWITCH ENGAGE de « Cursed », tandis que « J’aime » revient dans le giron d’un Thrash progressif moderne, avec son thème final écrasant. « L’avenir Sera » est au niveau des meilleures productions de SOILWORK, avec en guise d’avertissement, un cinglant « L’avenir sera ce qu’on en fera » qui laisse à réfléchir…
Autre moment fort, l’ultra puissant « Nos Désirs Sont Désordre » qui combine le meilleur des deux mondes, avec les accélérations bien HC des débuts du combo, et l’optique mélodique amorcée sur Corpus Delicti. L’ESPRIT DU CLAN aurait il trouvé ses marques définitives ?
C’est fort possible, et si « Instable » en est la preuve, je veux bien signer pour encore quelques albums ! Les structures sont plus complexes sans pour autant être prise de tête, et l’exécution chirurgicale ne laisse en aucun cas place au hasard. Chaque couplet, chaque break semble parfaitement à sa place, et même si l’on est obligé de situer le groupe sur l’échiquier mondial, c’est plus pour aiguiller le lecteur que pour noter des similitudes gênantes, tant le CLAN à maintenant sa propre identité.
On termine avec le morceau qui donne son nom à l’album, et « L’enfer C’est Le Notre » achève de la plus belle manière qui soit une partition qui n’a souffert d’aucune faiblesse.
Je n’ose imaginer ce que vont donner ces titres en concert, et je m’attends à une véritable boucherie live lors du prochain passage du groupe dans mes contrées.
En un mot comme en cent, L’enfer C’est le Notre s’écoute encore et encore et témoigne de l’extraordinaire vitalité d’une scène française qui n’a de cesse de nous émerveiller à chaque sortie.