NOMED (FRA) - Like... (1989)
Label : Putrefaction Records
Sortie du Scud : 1989
Pays : France
Genre : Mosh & Thrash de Génie
Type : Album
Playtime : 17 Titres - 36 Mins
Nous sommes en 1989, et alors que bon nombre de représentants de la scène extrême française se tournent vers les motivations très Death de Floride (AGRESSOR) ou Thrash de Californie (LOUDBLAST), un trio de joyeux allumés décident que finalement, le Mosh/Hardcore de New York, y’a que ça de vrai !
Déjà responsables d’un mini LP aux allures de coup fourré l’année précédente, Troop Of Death, NOMED (pour les ignorants, DEMON à l’envers) prend la température du CBGB et décide que le format court leur sied à merveille, et s’en vont donc joyeusement mettre en boîte un des plus fameux LP de la décennie.
En lieu et place des nouveaux messies d’outre Atlantique (DEATH, OBITUARY), et des anciens cadors de frisco et assimilés (METALLICA, SLAYER, EXODUS), les trois frappés décident de prendre modèle sur le fun outrancier d’ANTHRAX, SOD, SUICIDAL TENDENCIES ou autres MUCKY PUP, et de ranger au placard les monstres baveux et leur cohorte de malédictions d’outre tombe pour se consacrer à l’essentiel, le délire!
Mais attention, ne croyez pas que ceci fut juste une excuse pour pardonner une musique approximative, car les gus savaient jouer ! Et il faut admettre que les structures thrashisantes de rigueur sur lesquelles venaient se greffer des lignes de chant et de basse imprévisibles et très appuyées les plaçaient dans la directe lignée d’un HALLOW’S EVE ou d’un NUCLEAR ASSAULT.
Les rythmiques étaient bien sur la principale caractéristique de NOMED, et dès les premier titre, le bien nommé « Is It A Dream ? », les dès sont jetés, et tout le monde tape du pied !
L’alternance de passages (très) rapides et de breaks Heavy en diable, la voix de Jean Luc, simple, sans effets, constamment au bord de la rupture, et les riffs simples mais francs formaient un bloc indissociable auquel il était inutile de résister.
De fortes réminiscences Thrash pointaient régulièrement le bout de leur nez, comme sur l’intro de « Klootzak », avant que le Hardcore ne revienne au galop reprendre la place qui lui est due.
On n’oublie pas les blagues de rigueur, et on s’embarque pour une reprise ultra speedée du thème de « Pink Panther », un peu à la manière de NUCLEAR ASSAULT qui éjaculait à sa sauce « Happy Days » (sur le maxi Good Times, Bad Times).
Mais « Egoïst » relance bien vite la machine, et la vitesse de croisière s’emballe. « Signs Of Time » ne vient pas contredire cet état de fait et « T. from Aulnove » n’est alors qu’une petite récréation avant le morceau de choix de l’album, « Too Far Too Late ». Mid tempo aux allures de bourbier, ses quatre minutes de démonstration valent tous les discours du monde. Tout est passé en revue, du riff de mi en double croche, jusqu’aux contretemps diaboliques de Patrick LEMESLE, en passant par le break nerveux et tendu comme une corde à piano. Un des titres les plus fédérateurs !
« Friend Ship » ressemble à s’y méprendre au « Reaganomics » de D.R.I. et nous mène directement vers le fabuleux, que dis-je…l’extraordinaire, le mirifique et cultissime « CYMOD », qui pour les non initiés signifie « Cut Your Moustache Or Die » ! Un délire dans la plus pure tradition de SOD qui transforme l’enthousiasme justifié en euphorie totale !
« New Project » reste dans la ligne directrice initiale, avant que Jean Luc ne délire complètement à l’occasion de « IWWW », et son chant carrément barré, qui donne au refrain une coloration…de comptine pour adultes !
Les douze secondes de « Chinese Wall » se calquent sur « The Ballad Of Jimi Hendrix » ou autres « My America », mais « Corruption Of Mind » nous ramène dare-dare vers les récifs Thrashcore que WEHRMACHT à déjà empruntés par le passé. Un morceau qui paye son tribut à des formations comme ACROPHET ou encore EXCEL, enfin, de sérieuses références quoi !
Mais on ne saurait rester trop longtemps sérieux sur ce vinyle, et le très contemplatif et baba « Flowers » nous permet une nouvelle fois de nous détendre les zygomatiques, avec son chant emprunt de communautarisme et de bonne volonté hippie !
Tout ça pour nous charcuter bien carré sur le morceau titre, « Like… », et son tempo totalement hystérique ! Et oui, NOMED vous les tient bien menues dans sa main, et il serait stupide de faire semblant de ne pas s’en apercevoir.
Une fois de plus, la basse omniprésente groove comme un bataillon entier de pélicans rongés par la gangrène, et de couplets supersoniques en breaks écrasants, le peu de lucidité qu’il nous restait fond comme neige au soleil !
On finit finaud, avec un solo absolument infect posé sur un lit de guitare acoustique mielleuse, et « You’re Not Alone » nous rassure une fois pour toutes sur les intentions bienveillantes de NOMED.
Cet album n’en est pas un en fait. C’est un sprint couru sur une distance de marathon, une partie de pêche à poil au milieu des piranhas le corps enduit de sang de bœuf.
Si ses confrères de l’époque ont su résister mieux que lui et s’inscrire dans la durée, c’est tout simplement que NOMED à tout balancé sans se préoccuper des conséquences, et ainsi, offrir à l’underground français son LP le plus estimable.
Malheureusement pour Jean Luc, il fut bien vite lâché par ses compères et se retrouva seul à la barre du navire. Mais comme l’Histoire déteste le gâchis, et si vous êtes un lecteur assidu de Metal-Impact, vous savez que le bougre, avec le fabuleux Requiem, a plus d’un tour dans son sac. Et il ne parait pas vain d’espérer qu’un jour, il revienne nous compter fleurette sur fond de poils faciaux et de hippies déjantés…
Allez Jean Luc, déconne pas, je suis prêt à me raser la moustache pour toi…
Ajouté : Mercredi 22 Avril 2009 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Nomed Website Hits: 14211
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