Un peu perdu et planté au carrefour des nouveaux courants musicaux qui émergent de tous côtés, ce disque peut intéresser plus d’un pèlerin car il met au défi toutes les lois de Metal existantes, prédominantes et maintes fois empruntées à juste titre comme par abus, en proposant une musique avant-gardiste des plus surprenantes.

En effet, RAKOTH court le risque d’expérimenter et par ce fait ne peut qu’interpeller l’univers décalé où se retrouvent les adorateurs fantasques de l’extraordinaire. Véritable Objet Musical Non Identifié, « Tiny Deaths » possède un charme évident qui repose sur peu de choses : un grand sens mélodique, une production du type « c’est moi qui l’ai fait avec mes petites mains à la maison ! », et un petit côté pas fini qui attise la curiosité de l’auditeur et fera peut-être pencher la balance en le faisant succomber s’il prend le temps de pénétrer l’univers très spécial (il faut le dire et je le dis, oui !), voire même étrange de RAKOTH. En combinant un chant narratif en russe dans « Horizon » par exemple (si, si, je parle couramment le russe et depuis tout petit !) et un chant lyrique et écorché en anglais (« Planekeep/The Crypt »), on passe facilement d’un cadre intimiste orné de piano (« June 3 »), d’arpèges acoustiques (« Dawn ») et de flûte (« Edge ») à des parties tout simplement Death. Les plages instrumentales (« Fevered », « Vicious Life »), s’accaparant le rôle de pistes tampons ou intermédiaires entre les morceaux à texte, servent un album qui peut prétendre jouer le rôle de bande-son pour le septième art. Le bémol (il en faut un !) apparaît sous la forme d’un titre complètement Electro (à vous de trouver l’intrus !) sans toutefois gêner le fil conducteur de l’album. « Tiny Deaths » reste curieux dans sa conception car s’y côtoient des sonorités résolument modernes et d’autres plus archaïques avec des tempos très basiques.

Bien que partant dans tous les sens, la plupart des titres font preuve d’une étonnante cohérence. Ceci dit, à défaut d’être génial, mais viscéralement expérimental et flirtant même avec un certain sens théâtral, « Tiny Deaths » n’attend que vous pour mûrir et prendre de l’envergure. Car la relation de RAKOTH avec la musique se traduit dans la continuité en s’efforçant de repousser les limites du Metal. Laissez donc ces bons vieux baisers de Russie affûter votre appétit pour l’extraordinaire.