JOHN C. HOLMES : 35 Centimètres De Talent (2009)
Auteur : Daniel Lesueur
Langue : Français
Parution : 21 Janvier 2009
Maison d'édition : Camion Noir
Nombre de pages : 160
Genre : Biographie d’une bite légendaire
Dimension : 15 x 21 cm
ISBN-10 : 2910196763
ISBN-13 : 9782910196769
Il en est de certaines existences comme des romans improbables qu’on n’écrira jamais. On fantasme parfois sur quelques scénarii Hollywoodiens en se confortant dans l’idée qu’ils ne germent que dans l’esprit malade ou incroyablement imaginatif de créatifs destinés à alimenter nos rêves et cauchemars.
Mais on est loin de se douter que parfois, la réalité dépasse la fiction, et que l’existence de quelques personnages frappés par le destin est bien plus riche en coups du sort et en triomphes incroyables que n’importe quelle fable inventée de toute pièce pour nous permettre de nous échapper du quotidien.
Ainsi, la vie de John C. Holmes fait partie de ces quelques légendes que l’Amérique brandit ou cache selon les époques pour illustrer toute la démesure d’un continent qui n’a de cesse de transgresser ses propres codes.
Si vous êtes un intime de la carrière du bonhomme, le titre choisi pour cet ouvrage est pétri au coin du bon sens. Et à la fin de sa lecture, il s’impose encore plus comme une évidence.
Que pouvait attendre de la vie un homme, dont le seul atout était la dimension proprement époustouflante de son organe sexuel ?
Daniel Lesueur nous propose au gré de ces 160 pages de découvrir ce que fut la vie d’un pauvre type, tombé dans les pièges de la célébrité facile aussi pitoyablement que consciemment.
D’une enfance partagé entre l’aisance et la violence, ou les périodes de vaches maigres succédaient aux rares moments d’opulence, on retient surtout l’absence de repères stables qui auraient pu aiguiller Holmes vers une destinée un peu plus commune.
De sa carrière dans le porno, on se remémore l’image d’un véritable étalon honorant tout autant ses partenaires de plateau que de riches veuves ou jeunes starlettes avides de sensations fortes et de gloriole instantanée. D’un « acteur » incapable de résister à la facilité, et qui est tombé dans la drogue en n’y ayant vu l’ultime possibilité de conforter son statut tout en se réfugiant dans un monde fait de léthargie et de plaisirs faciles.
De sa rencontre avec le milieu, émerge le reflet d’un mythomane patenté, lâche la plupart du temps, incapable de se sortir de situation glauques sans entraîner la perte de quelqu’un.
De son retour dans le milieu du X, on est glacé par le comportement d’un homme qui se sait malade et qui n’hésite pas à risquer la vie de ses partenaires pour retrouver un train de vie auquel il ne peut plus prétendre…
Le point fort de cet ouvrage est de ne pas prendre parti, et de ne pas prétendre révéler quoique ce soit de neuf sur la vie de John. Une entreprise honnête qui a le mérite de présenter Holmes avec toutes ses contradictions, et de laisser le lecteur se débrouiller seul avec ses opinions. Le style est brut, les métaphores directes, et le portrait d’une époque et de ses « héros » dressé avec une incroyable fidélité.
Il en ressort une impression de vécu, même pour les gens de ma génération qui n’ont pas pu connaître cette transition entre un puritanisme étouffant et une libération des mœurs sans doute excessive, qui a été menée avec tous les excès inhérents à la longue attente qui l’a précédée.
Il devient donc impossible de juger un homme au parcours si surprenant, malgré l’évidence de ses défauts, de sa lâcheté, et de son incapacité à assumer les conséquences de ses actes.
On reste partagé entre la pitié, la fascination morbide, la rancœur et l’admiration aussi parfois.
C’est le propre des légendes n’est ce pas, aussi controversées soient elles. Et le rapport inversement proportionnel entre la longueur du livre et celle du sexe de notre protagoniste revêt tout son caractère représentatif.
Lorsqu’on a qu’une bite à offrir, aussi longue soit elle, on reste dépendant de son bon fonctionnement. Et comme Holmes ne pouvait avoir une complète érection sans tomber dans les pommes, il a du bander mou toute sa vie.
Il chercha alors les excès ailleurs. Ce qui causa sa perte.
C’est quand même con d’avoir une vie pourrie à cause d’une demie-molle…
Ajouté : Vendredi 13 Février 2009 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Camion Noir Website Hits: 110219
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