VARIOUS ARTISTS - Sucker Punch Original Soundtrack (2011)
Label : Sony Music
Sortie du Scud : 28 mars 2011
Pays : /
Genre : Rock / Metal
Type : Compilation
Playtime : 9 Titres - 49 Mins
D’ordinaire, je ne vois pas l’intérêt de chroniquer les bandes originales de films, qui n’ont de légitimité que financière, et de vaguement ramener à la surface les images d’une pellicule à laquelle nous sommes plus ou moins attachés. Assemblage à la hâte de succès éternels ou du moment, ces CDs sont la plupart du temps anecdotiques, et garnissent assez vite l’étagère dite du « acheté parce que, mais en fait non ».
Mais parfois, le choix des morceaux est en parfaite adéquation avec la perfection de l’image, et nous tombons sur le cas rare d’une BO qui n’est rien de plus qu’un complément indispensable du film qu’elle illustre. Cas encore plus rare lorsque nous parlons d’une BO plus ou moins Rock et/ou Metal.
Vous avez très bien pu ne pas aimer, voire détester le dernier essai de Zack « Golden Storyteller » Snyder, Sucker Punch, et c’est votre droit le plus légitime. Mais je peux supposer que si tel est le cas, vous n’êtes pas là à lire une chronique qui ne vous concerne pas et dont vous n’avez que faire, ou bien peut être avez-vous un maximum de temps à perdre…
Je ne parlerai bien sur pas du film, critique qui n’a pas lieu d’être en ces colonnes, mais si j’aborde le cas de sa BO, vous devez vous douter à quel point je l’estime. Tout comme sa bande sonore, qui est un patchwork déroutant et onirique apte à recréer la magie de ces presque deux heures de conte sublime, sans les images.
On trouve sur ce LP des airs connus, voire de grands classiques, mais interprétés de manière à coller à l’ambiance mi technoïde mi éthérée du chef d’œuvre de Snyder. Et pour vous situer la qualité du produit, sachez que ça doit seulement être la troisième fois qu’une reprise des BEATLES ne me donne pas de haut le cœur (la première fut « Across The Universe » par Fiona Apple, et la seconde « I Am The Walrus » par Jim Carrey…) .
Et là, force est d’admettre que la version de « Tomorrow Never Knows » d’Alison Mosshart & Carla Azar, façon fantasmagorique et envoûtante, est une pure merveille. Sept minutes et quelque de bonheur total, une immersion fabuleuse dans le cathartique et le sublime, avec en sus des arrangements fouillés et soignés, qui rendent parfaitement hommage à la perle psychédélique de Lennon.
Le remix d’ « Army Of Me » de notre Islandaise barge préférée, avec en support SKUNK ANANSIE, est assurément un autre point fort de cette BO. Sur une trame Métalo-technoïde que n’auraient pas reniée les CROSSBREED ou même ORGY, la voix de Bjork est sublimée, et passe par toutes les émotions, de l’innocence flirtant avec le virginal, à l’agression vocale caractérisée et soulignée par des riffs bétonnés. Ce titre donne tout son sens à la pratique du remix, tant il étoffe la version originale d’un enrobage délicieusement doux/amer, sensible/puissant.
La cover du « Sweet Dreams (Are Made Of This) » d’EURYTHMICS par la superbe et touchante Emily Browning ridiculise au passage le massacre éhonté auquel s’était livré MARILYN MANSON il y a quelques années (qui avait fait un bien meilleur travail avec le « Tainted Love » de Gloria Jones… sur la BO de Not Another Teen Movie, comme quoi les films ça stimule…), et délivre enfin une version pure dont même Annie Lennox pourrait être fière.
Côté bien méchant, les samples de QUEEN sur fond de Rap/Metal par Armageddon nous ramènent aux meilleures heures du mariage contre nature de Judgement Night, et l’atmosphère très teenage angst de la reprise du « Search And Destroy » des STOOGES par SKUNK ANANSIE restitue bien le parfum d’adolescence perdue mais débridée du film.
Le lifting du très défoncé « White Rabbit » par Emiliana Torrini suinte de perversion malsaine, malgré une voix aussi pure que puissante, et n’est donc pas à négliger, avec une fois de plus, des arrangements grandioses.
Et pour les plus modérés et/ou sentimentaux d’entre vous, le cristallin « Asleep » devrait représenter un pur moment de bonheur, et transfigure encore un peu plus le personnage de Babydoll. D’un simple duo piano/voix, le morceau se métamorphose petit à petit en voyage intérieur dont chaque auditeur peut tirer ses propres vérités.
C’est un plaisir de tomber sur une BO aussi inventive et riche que celle de Sucker Punch, qui permet de prolonger le rêve une fois les images évanouies dans la nuit. Au même titre que les effets spéciaux ou la photographie, la musique devient partie intégrante d’une réalisation, et stimule tous nos sens.
Une vraie réussite qui n’a rien de commerciale mérite toujours d’être soulignée.
Ajouté : Mercredi 22 Juin 2011 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Hits: 9784
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