MARTYR DEFILED (uk) - Collusion (2010)
Label : Siege Of Amida Records
Sortie du Scud : 20 septembre 2010
Pays : Royaume-Uni
Genre : Brutal Death moderne
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 34 Mins
MARTYR DEFILED est le groupe qui monte, monte, monte. On lui prête assez généreusement divers qualificatifs depuis la sortie de son premier opus en septembre 2010. Parmi ceux-ci, il parait que les anglais seraient la plus pure incarnation d’une agression sonore. Enfin bon, quand on joue sur les terres du Death et du Grindcore, chaque groupe pourrait prétendre à ce type de délicatesse verbale. En ce qui concerne nos cinq beaux étalons tatoués, il faut reconnaître qu’ils font effectivement pas mal de barouf mais qu’on est encore loin du bruitisme construit et décérébré de la bande à Barney. S’il fallait faire un rapprochement intra-muros, ce serait plutôt du côté d’ANNOTATIONS FOR AN AUTOPSY que je me tournerais, tant MARTYR DEFILED ratisse avec hargne le terrain miné du Brutal Death moderne à l’anglaise.
Collusion s’ouvre avec une intro du nom d’« Enigma » qui consiste en quelques montées-descentes électroniques sur lesquelles se greffent des guitares syncopées. L’occasion pour moi de dire à MAKE ME A DONUT que s’ils veulent une putain d’ouverture pour leur prochain brulot, ils feraient mieux de demander conseil à ces rosbifs plutôt qu’à SHAKE IT MASCHINE. En dépit de cet aspect moderne baveux un peu dégueulasse, voilà un avant-propos qui a de la gueule. Et ce n’est rien à côté de « Maelstrom », qui comme son nom l’indique, est un tourbillon de violence à l’état brut, créé de toutes pièces à partir d’une riffothèque qui emprunte sans vergogne au Death technique outre-Atlantique (THE LAST FELONY) ou à celui d’outre-manche (TRIGGER THE BLOODSHED). La vénération va si loin qu’on surprend même MARTYR DEFILED à faire le remake du « What The Fuck ? » qui brise l’élan du mythique « Lie To My Face » de CARNIFEX sur le final de la massive « An Act Of Sedition ». Il y a comme ça, quelques œillades pas très discrètes à des références stylistiques. Doit-on en déduire que ce Collusion n’a pas d’âme ? Que nenni. Il semble évident que ces garçons s’inspirent, se réfèrent mais jamais ne plagient. Ils proposent une vision très personnelle du Brutal Death, étayée par une écriture fluide qui offre un temps de parole très conséquent au frontman, lequel joue sur des contrastes entre des vocaux caverneux et d’autres plus criards, teintés de Black. Pour vite conclure cette parenthèse sur les chants, Jason Evans d’INGESTED se pointe brièvement sur l’éponyme, ce qui nous fait une belle jambe. Dans l’ensemble, ce disque se découvre comme très compact et difficile à déglutir. Les BPM défilent à la vitesse de la lumière sauf que leur rendu est vraiment trop synthétique par moment. Regrettable. De plus, MARTYR DEFILED à l’air déterminé à détruire le système nerveux de son auditeur, ce qui métamorphose son Brutal Death sympa au début comme une musique beaucoup plus sournoise et malintentionnée. Cette granulosité n’est pas des plus plaisantes mais heureusement, nos amis réalisent un coup de maître en plein milieu de leur œuvre avec un triptyque sacrément bien foutu. Tout commence avec « I : Zealot » avec tempos catchys et riffs caoutchouc qui précède « II : Excommunicate », probablement la création la mieux achevée dans son esprit Death progressif façon THE CONTORTIONIST pour aboutir à « III : Collusion » et son final mélodique assez épique.
De bonnes idées et d’autres plus laborieuses, on ne pourra toutefois pas retirer aux anglais ce besoin d’intensité permanent. L’Ampèremètre a de quoi s’emballer lorsqu’il est branché sur un tel album qui relâche la pression avec beaucoup de parcimonie. Mais quand même, je m’attendais à moins d’imperfections pour un groupe considéré comme sur une pente plus qu’ascendante, exponentielle ! La motivation est là, la technique aussi. MARTYR DEFILED a tout pour réussir. Ne manque plus qu’à affiner un tantinet le style, à l’image d’une « Archae » instrumentale qui conclut cet opus sur un énorme rayon de soleil et un gros coup de cœur. Pour la première fois, ils ont osé dévoiler leur âme de compositeurs. Et quelle belle âme réside en eux !
Ajouté : Mardi 14 Février 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Martyr Defiled Website Hits: 8922
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