BORN FROM PAIN (nl) - The New Future (2012)
Label : GSR Music
Sortie du Scud : 13 juillet 2012
Pays : Pays-Bas
Genre : Hardcore
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 23 Mins
Tout ça pour ça, franchement… Je n’ai jamais masqué à personne qu’à l’époque où j’ai commencé à écrire des chroniques, le Survival de BORN FROM PAIN était pour moi une des plus grosses révélations qui puisse exister. C’était la Vierge Marie qui apparaissait au milieu du désert. Un album politiquement engagé, critique acerbe de la puissance militaire et institutionnelle des Etats-Unis, aux frontières du conspirationnisme mais toujours droit dans ses bottes musicalement, il n’en fallait pas davantage pour provoquer multiples demi-molles dans des boxers encore marqués du sceau de l’onanisme. Ce grand et beau représentant du Hardcore qu’est BORN FROM PAIN s’est alors terré dans le silence pendant quatre ans. Et le successeur de Survival, un album désormais connu sur le bout des doigts par votre serviteur, se sera fait attendre. Je suis souvent emballé par ce genre de situations, l’excitation qui en résulte étant la preuve indiscutable que les artistes en question préparent un gros coup. Mais The New Future est une déception qu’aucune justification ne saurait atténuer.
Comment expliquer de manière rationnelle une telle débâcle musicale pour une formation ayant signé les Sands Of Time et autres In Love With The End ? Et comment légitimer quatre années d’une interminable ébullition pour un résultat aussi médiocre qu’expéditif ? « Reap The Storm », c’est tout ce qu’il vous faudra retenir de cet opus. Une seule composition sur huit (neuf si on prend en compte le remix vaguement Dubstep de « Heartbeat) et un soi-disant « LP » de 23 minutes. On se fout de qui là ? Je vais commencer par les aspects les plus positifs, parce que c’est ce qui ira le plus vite. La fameuse « Reap The Storm » donc, qui aurait eu sa place sur Survival avec ses rythmiques lourdes, ses riffs tordus et ses chœurs très ricains venus suppléer les vocaux brulants de Rob Franssen. Catchy et hypnotique, on se croirait presque de retour à la belle époque. Cette merveilleuse illusion dure précisément 3 minutes et 19 secondes. Le reste s’apparente à une vaste supercherie qui se cache derrière une réinterprétation grotesque de la théorie de l’évolution. BORN FROM PAIN a effectivement évolué. Sa plastique monstrueuse et rassurante s’est changée en une coquille vide qui a cédé aux appels les plus farfelus de la modernité. « Kampfbereit », c'est-à-dire « prêt au combat », en échaudera plus d’un avec ses nappes électroniques un peu obsolète doublées d’un refrain en allemand dont le pendant anglais qui lui fait écho se révèlera plus qu’énervant. Encore qu’il soit tout à fait possible d’excuser une cagade sur une piste expérimentale, il devient tout de suite plus compliqué de cautionner un Hardcore aussi creux et inexistant que sur « The New Future », « American Treason » ou « Heartbeat » alors même que c’est leur marque de fabrique. Igor Wouters, batteur de MADBALL et fraichement débarqué dans BORN FROM PAIN aurait mieux fait d’emporter dans ses bagages un peu de la conviction dont il use avec ses copains new-yorkais… En dehors de tout ça, il convient également de revenir sur la durée minimaliste de cet album. 23 minutes. Autrement dit, il s’achève à peine débuté, au moment même où l’on espère encore secrètement qu’il puisse nous surprendre. Mais non, la seule surprise réside dans son étonnante faiblesse technique, artistique et conceptuelle. Le World Trade Center enfumé et discrètement dissimulé sur la pochette nous achèvera de penser qu’avec le recul et les propos récents de Dave Mustaine, les complotistes ont de sales heures devant eux. Et comme ce New Future ne nous baratine pratiquement qu’avec ça, les deux devraient penser à un duo. Ou simplement à la boucler un peu plus pour repenser « musique ».
C’était le coup de gueule du jour. Et il va, à mon grand étonnement, à l’encontre de BORN FROM PAIN, ce groupe que j’ai soutenu, dont j’ai acheté les albums et qui me faisait frissonner. J’aimerais ne pouvoir retenir de cet opus qu’une seule chanson, et le cas échéant je choisirais l’excellente « Reap The Storm ». Mais devant une déconvenue aussi improbable, impossible vouloir à tout prix sauver les apparences. Ces mecs sont pour l’heure la grosse déconfiture de cette année 2012 et je n’aurais parié avec personne que ça tomberait sur eux. Alors même que Hollande voulait « réenchanter le rêve français », les Hollandais de BORN FROM PAIN sont parvenus à « désenchanter » le rêve Survival. Pas un mince exploit.
Ajouté : Lundi 03 Septembre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Born From Pain Website Hits: 9016
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