Bon, ok, on le savait déjà, mais quand même… Qu’est ce que ça peut être con un Italien ! Aujourd’hui, avec Manzo Criminale, une toute nouvelle pièce du boucher débarque dans vos assiettes. Saignante s’il vous plaît. Groupe de Death / Grind transalpin qui manie l’humour aussi bien que le barbecue, BUFFALO GRILLZ n’aura pas mis longtemps à trouver son public au cœur d’un pays qui adore tirer à boulets rouges sur les errances de son gouvernement. Je retourne le CD et je vois figurer dans la tracklist les chansons « Linkin Pork », « Forrest Grind », « Gux & Gabbana », « Dimmu Burger » et « Pig Floyd ». Puis je constate avec pas mal de stupéfaction que ce projet, qui a tout l’air d’une blague potache, a été fondé en 2008 par un ancien de la maison NATRON, le très doué batteur Max Marzocca qui s’est entouré pour l’occasion de membres de TSUBO, DR. GORE et THE ORANGE MAN THEORY. Aurait-on là affaire au premier supergroup de l’Histoire du Grind ? Va savoir.

Deuxième sortie officielle pour BUFFALO GRILLZ après le Grind Canyon de 2010, Manzo Criminale va très certainement faire exploser ce quatuor, qui mériterait bien qu’on parle un peu plus de lui, et pas seulement à cause d’un sens de l’humour qui fait froid dans le dos. Quintessence de Grind moderne nuancé d’influences Brutal Death, Rock N’ Roll ou Thrash Metal, cette œuvre possède toutes les caractéristiques du disque bruitiste provocateur et insolent par excellence. Derrière leurs regards vitreux et leurs postures je-m’en-foutistes, les BUFFALO GRILLZ ont de la suite dans les idées. Effectivement, leur base musicale repose sur un Grind hyperactif, très violent et barbare, mélange cru de NAPALM DEATH, de BRUJERIA et de ROTTEN SOUND. Mais on distingue également des éléments qui nous seront plus familiers, comme des accélérations furieuses à la TREPAN’DEAD. Incohérent de bout en bout, cet album est truffé de samples, d’effets et de clins d’oeil délirants. La courte introduction se compose d’une réplique de Robert De Niro tirée du film « Cape Fear » de Scorcese. Elle précède la fameuse « Linkin Pork », dont la violence inouïe semble motivée par la médiocrité musicale du groupe américain tourné ici en dérision. Et en matière de caricature, BUFFALO GRILLZ fera très fort avec « Dimmu Burger », qui reprend de nombreux éléments présents dans la musique des Norvégiens tout en restant Grind dans l’esprit. Les orchestrations symphoniques magistrales de la bande à Shagrath seront littéralement démolies par les sonorités sympho-pouêt-pouêt finales de ce morceau plutôt marrant. Un autre OVNI transpercera le ciel jaune électrique de cet opus. Il s’agit de « Delitto Al Blue Grind », une instrumentale de Rock-Jazz un peu Funky composée par le guitariste italien Riccardo Gioggi, un membre du Roma Electric Orchestra. L’idée n’est pas la plus géniale qui soit, mais elle a le mérite d’offrir aux auditeurs de cet album une bulle d’air inespérée dans un tel océan de bestialité. BUFFALO GRILLZ, grâce à ses compositions concises et brutales, vous saute à la gorge et vous vide de votre sang, non sans une certaine ironie. On dirait le dernier chapitre de Twilight : Indigestion. Ce n’est pas du Grind très imaginatif mais il fait son petit effet, bien aidé c’est vrai par un vocaliste dont le timbre rauque (qui n’est pas sans rappeler celui de Tonton Barney) est impressionnant de rage.

Vingt et un morceaux, les trois-quarts font moins de deux minutes. Je crois que tout est dit. Ces Italiens sont de petits comiques qui ont parfaitement compris le langage qu’il fallait tenir en présence d’amateurs de Grind. Leur musique organique et vivante, qui frappe au niveau du (très) bas-ventre tout en y incorporant des éléments groovys est d’une qualité remarquable. Et ma foi, Manzo Criminale est une surprise plutôt inattendue pour ce groupe uniquement composé d’authentiques testa di cazzo.