L’époque n’est pas à la rigolade, non, c’est un fait. Chômage, inflation galopante, pouvoir d’achat qui baisse sans cesse, l’Europe dans le marasme, dictature soviétique à l’est, incertitude américaine, où que l’on regarde, tout va mal.
2012, année de la fin ? Décembre 2012, fin du monde ?
Possible, même s’il a été prouvé que le calendrier des Mayas avait été mal interprété.
Quoiqu’il en soit, et même en minimisant les prévisions les plus catastrophiques, le monde va mal, et court droit à sa perte.
Que faire dans ce cas là… Errer sans but ? Se révolter ? Attendre la fin, et espérer assister à un spectacle grandiose, façon Cecil B DeMille ? Préparer son enterrement ?

Si cette dernière option vous parait la plus tentante, et que vous hésitez encore quant au choix de la bande sonore qui accompagnera votre dernier voyage, soyez heureux. J’ai trouvé de quoi rythmer votre passage dans l’au delà.
J’ai bien sur écouté beaucoup de groupes extrêmes dans ma vie. Et dans ces extrêmes, il y a bien sur des extrêmes. D’un côté, ceux qui veulent dépasser la vitesse du son, de l’autre ceux pour qui la musique ne doit être que pesanteur, désolation, et souffle glaçant.
Si cette dernière catégorie à vos faveurs, vous devez certainement déjà connaître ENCOFFINATION. Formé aux alentours de 2008, ce duo ricain repousse en effet depuis ses débuts les limites de la lenteur, de la claustrophobie maladive, et tente d’offrir une image sonore à la souffrance, la solitude et la mort.
Et il faut reconnaître qu’avec leurs deux Lp’s et leurs trois Ep’s, il y parvenaient plutôt bien.
Et une année après la parution de O' Hell, Shine in Thy Whited Sepulchres (concept album tournant autour de l’expérience de Ghoat, l’un des deux membres, dans l’industrie funéraire), leur dernier long, les deux joyeux drilles nous reviennent avec une nouvelle litanie au format court, le bien nommé Elegant Funerals For The Unknown Dead.
Dire que ce titre poétiquement macabre reflète à merveille son contenu est un euphémisme, tant la musique du duo n’est que douleur, expiation, et pesanteur morbide.
Il est difficile de décrire ce que contiennent ces sillons… A la rigueur, et si vous souhaitez un rapprochement un tant soir peu explicite, imaginez les pires (par pire comprendre : les plus douloureux) moments d’INCANTATION, ou, si vous avez l’imagination suffisante, une version totalement écrasée de MORTICIAN, passé en huit tours/minute.
Tout, dans cet EP est fait pour vous torturer l’âme, les oreilles, et au final, vous plonger dans un état d’esprit si sombre, que même les ténèbres vous paraîtront aveuglantes. Un peu ABRUPTUM dans l’esprit pour son aspect expérimental, son utilisation de sons divers (cloches, orgue parfois), et surtout, sa construction linéaire et répétitive, ENCOFFINATION est toutefois assez unique en son genre, et provoque chez l’auditeur des émotions contradictoires selon sa sensibilité.
On peut tomber sous le charme, si tant est que l’utilisation de cette expression soit légitime, ou au contraire, tout rejeter en bloc.
C’est selon.
Et il ne faut pas croire que le groupe n’ait agi que selon le vecteur « musical » pour atteindre son but. Car la production est à la hauteur du résultat escompté, sourde, approximative, avec une guitare aigrelette, sous accordée au maximum, un chant sourd et quasiment inhumain, mixé en arrière, et une batterie certainement enregistrée en prise live.
Alors certes, il n’y a quasiment aucune progression depuis leurs débuts, certes il est tout à fait normal d’avoir le sentiment de n’entendre qu’une longue litanie mortuaire, sans variations, sans digressions. Mais comme je le disais, tout dépend de vous en fait, et de ce que vous souhaitez entendre.

Plus malsain qu’ABRUPTUM, plus désolant que SILENCER, plus funèbre qu’INCANTATION, ENCOFFINATION est sans doute l’épitomé d’un Doom glacial, la matérialisation musicale de la mort, et donc finalement, le plus emblématique et pertinent des groupes de Death, de par sa lancinance, et son renoncement total à l’évolution et la progression.

A vous de choisir. On peut préférer mourir dans son sommeil, ou souffrir de longues années, et partir dans une lente agonie.