Si vous lisez ces lignes, merci de vous replacer dans le contexte que voici. Hier soir, le Bayern Munich a étrillé le grand Barça sur le score sans appel de 3 buts à 0. Beaucoup voient en cette déculottée footballistique une passation de pouvoir entre deux monstres du ballon rond européen. J'aimerais faire un parallèle avec le Metal, sauf que l'Espagne n'a jamais été une terre promise en la matière. Alors je me contente de croire que la scène allemande a depuis longtemps pris le relais, relais dont on oublierait presque la provenance tant la régularité teutonne est un facteur ancien. ETECC fait partie de cette nouvelle génération qui vient succéder aux HEAVEN SHALL BURN, CALIBAN et autres DARK AGE, pas forcément essoufflés mais néanmoins connus de tous. Vorace, puisque carburant au rythme d'une sortie annuelle, le quatuor a pondu fin 2012 un premier full-lenght, Volition, qui n'est pas tant que ça à considérer comme tel, puisque la majorité des titres ici proposés ont déjà vu le jour au cours de la trilogie The Slaughterhouse Demos, combinaison de trois démos parues en 2009, 2010 et 2011.

Pour autant, difficile de qualifier ce Metal moderne d'escroquerie puisque rares doivent être les veinards ayant eu vent de l'existence d'un projet aussi impliqué. Ce Volition servira donc d'amuse-gueule, en vue de travaux futurs qui seront surement un peu plus spontanés. On ressent d'ailleurs immédiatement le caractère peaufiné et travaillé de ces différentes compositions, qui ont forcément été retravaillées à maintes reprises pour sonner de façon aussi idyllique. Pas vraiment d'étiquette, pas vraiment de prétention, ETECC est au Metal ce que le citron est aux agrumes : un représentant assez évident et plutôt neutre. Dans les voix, dans le riffing galopant, les teutons se rapprochent du Modern Metal, avec cette vista propre aux groupes qui veulent innover, avec cette puissance caractéristique des formations qui veulent en mettre plein les oreilles. Il n'y a donc pas de grandes surprises au cœur de ce Volition, mis à part son impact saisissant dès les premières notes d'"On Standard's Leash". Les membres d'ETECC ont gardé le côté Heavy de METALLICA, la percussion de PANTERA, l'instinct d'un SLIPKNOT et le groove d'un LAMB OF GOD pour préparer cette mixture plus que digeste. Chaque morceau apporte sa pierre à l'édifice d'une œuvre homogène mais pas étouffante. D'ailleurs, la production sonique contribue largement à cette dynamique positive, engendrée par un "Creed Of Violence" thrashy ou un "Dementia" tourmentant. TRIVIUM avait un peu débuté avec la même bonne volonté sur Ember To Inferno avant de devenir cette rutilante mécanique hollywoodienne. Il est également instructif de constater qu'entre les sept compos ayant déjà été testées sur les précédentes démos et les trois inédites ("I Am The Light", "The Roof Of Nonsense" et "Arctic Shroud"), tout s'emboîte parfaitement, à tel point qu'on se dit qu'ETECC serait surement capable de faire des choses encore plus cohérentes sur un éventuel second album. Je ne suis pas toujours confiant concernant la neutralité d'un disque, pour ne pas dire que d'ordinaire, ce Metal contemporain m'emmerde profondément mais là, tout est d'une exécution si parfaite et d'un calme si olympien qu'on appréciera instinctivement cette œuvre facile et décomplexée.

Pas de prise de tête, pas de grands discours, ETECC, via Volition, va à l'essentiel. Un Metal carré, propre, efficace, très allemand finalement, qui rentre par une oreille sans immédiatement sortir par l'autre. De là à dire que ce premier album fera date, il n'y a qu'un pas qu'il serait présomptueux de franchir. Mais je crois pouvoir dire sans trop prendre de risque que j'ai passé un franc bon moment, ce qui vaut parfois tout autant qu'un moment difficile en compagnie d'une sortie moins accessible.