VERATRUM (it) - Sentieri Dimenticati (2012)
Label : Buil2kill Records
Sortie du Scud : février 2012
Pays : Italie
Genre : Death / Black Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 35 Mins
Là, ça devient franchement inquiétant. Je veux bien comprendre que les noms les plus dark-kikoo-ivoles soient tous réquisitionnés, mais il y a des limites à ne pas franchir. Allez en parler à VERATRUM, eux qui ont utilisé le nom latin du vérâtre blanc (veratrum album) comme blaze. La particularité de cette plante qui pousse comme un rhizome ? Sa toxicité, aussi bien pour le bétail que pour l'homme, qui la confond souvent avec la gentiane jaune (bah oui, quel con !). Son autre particularité ? C'est que tout le monde ignore son existence. Un peu comme VERATRUM quoi. Pour ce qui est de l'essentiel, à savoir la musique, il ne faut pas non plus chercher trop loin. Dans le sillage d'un groupe comme BELPHEGOR, les Italiens exécutent depuis 2008 un Death / Black à tendance "Suprême", un peu austère, un peu auguste, concrétisé en 2012 avec un premier album, Sentieri Dimenticati ("Chemins Oubliés") passé franchement inaperçu. Ceci étant, plusieurs éléments troublants laissent entrevoir un début d'éclosion pour ce combo plutôt doué.
L'opus démarre de façon ténébreuse, avec une obscure citation d'Helena Blavatsky, membre fondateur de la Société Théosophique, un concentré de cerveaux regroupés en une organisation philo-ésotérique ayant pour but de percer les mystères du "Divin". Vous l'aurez compris, dans le genre délires sur la réincarnation, la conscience universelle, l'évolution humaine et les chakras en tous genres, VERATRUM est un groupe gratiné. Je suis personnellement assez peu porté sur ce genre de concepts, mais il faut reconnaître qu'une fois les mots passés à la moulinette, la musique demeure infiniment substantielle. Ce Death Metal ultra-profond et artisanal nuancé de Black fait sensation. Sa très grande rigidité explose dès l'arrivée d' "Uomo", un pamphlet violent et un peu thrashy. Moins radicale, "Lo Sventramento Dei Guardiani Della Terra Cava" s'appuie sur un tempo lourd et des combinaisons rythmiques astucieuses pour mieux perforer le crâne de l'auditeur. Et à l'instar d'un DEADLY CARNAGE, l'utilisation de la langue italienne pour les paroles est un choix discutable mais qui donne énormément de relief et d'authenticité à cette œuvre, complètement dynamisée par les chœurs masculins qu'on retrouve sur "Ars Goetia". Puis, alors qu'on croit que Sentieri Dimenticati ne pourra pas être plus étoffé, on se retrouve avec "I Braceri Del Tempio Di Thot" entre les oreilles, une instrumentale aux relents arabo-mésopotamiens à mi-chemin entre ROTTING CHRIST et MELECHESH. Cette dernière ouvre d'ailleurs une voie royale à "Ritorno Ad Atlantide", peut-être la composition la plus représentative de leur personnalité musicale. Cette dernière, indiscutablement gâtée en termes d'inspiration, souffre à l'image de l'album, d'une production un peu crue, qui fait claquer la batterie comme des rondins de bois qui s'entrechoquent. Cette même production met beaucoup plus en valeur une piste Heavy et épique comme "Thule" par exemple, ce qui a le mérite de lui conférer une dimension dominatrice au bout de ces chemins oubliés.
Sentieri Dimenticati est un bloc étanche, avec des temps forts et des temps faibles mais surtout, beaucoup de diversité et de références culturelles (ce côté arabisant revient assez souvent) au cœur même d'un style habituellement hermétique. Prenez le Death / Black Suprême de BELPHEGOR, auquel VERATRUM fait constamment allusion. N'y a-t-il vraiment aucune légitimité à en extraire la substantielle moelle, quitte à broder autour ? Sous cette forme un peu plus spirituelle et musicale, le Death / Black en deviendrait presque un style attachant. Et ça, c'est l'unique propriété intellectuelle de VERATRUM et de ce premier effort franchement abouti.
Ajouté : Samedi 08 Mars 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Veratrum Website Hits: 5950
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