Hier après midi, j'étais en Pennsylvanie, et j'y retourne ce matin, c'est vous dire s'il se passe des choses là bas... Cet état serait-il en train de devenir la mère patrie du Hardcore/Fastcore moderne ? Une nouvelle scène de Boston, de Los Angeles ? La question reste en suspens, toujours est il que les groupes qu'on y trouve sont nombreux, de qualité, et bien décidés à se faire entendre.
Le style est cette fois-ci un poil différent. Parlons un peu du groupe en lui même, bien qu'il n'y ai pas grand chose à en dire.
DISINTEREST a vu le jour en 2014, à Philadelphie (oui, celle dont les rues ont été chantées mollement par le Boss...), et ils n'ont pas chômé depuis leur assemblage. Une démo, un split avec SKIN GRAFT, et aujourd'hui, enfin presque, ce 7'' qui s'avère dans la continuité de leur travail, et surtout, sacrément prometteur.

Si vous aimez CULT RITUAL, RAW NERVE, ou PUNCH, vous avez des chances d'être séduit par ce single qui contient des éléments qu'on retrouve chez ces trois groupes. Mais la force de DISINTEREST, qui est plus que patente sur Repair, c'est cette volonté de mélanger des courants Hardcore, Punk, à une structure générale assez Noisy, sans tomber dans les excès de leurs aînés. On trouve de tout au long de ces sept morceaux travaillés, et qui pourtant font preuve d'une rage instinctive, ce qui créé une dualité fort créative.
Alors, ce single longue durée présente une cohérence indéniable. Et s'il commence sous des auspices clairement Punk, avec une guitare aigrelette et une basse sèche et tendue ("Vision", qui part quand même assez vite vers des horizons Hardcore), la multiplicité des genres cède vite le pas à l'envie d'en créer un "nouveau", et on se retrouve piégé dans un torrent d'idées qui doivent autant payer leur tribut au Punk donc, qu'au Hardcore bien sur, mais aussi au Noisy Rock, ou même au Grind.

Les morceaux, à de rares exceptions près, sont courts, bien évidemment. Mais même au sein de cette configuration restreinte, le groupe nous balade au gré de ses humeurs, et tombe parfois même dans une haine si viscérale qu'elle en devient indéfinissable ("Reasons" qui pioche à droite et à gauche, qui cavale avant de s'adonner à un break Post Punk terriblement Heavy et dissonant). Les arrangements sont parfois assourdissants ("Rationalities" qui valse près d'une falaise Indus, en empilant des strates de guitare assourdissantes), et même les morceaux qui paraissent un peu plus francs du collier ne peuvent pas rester figés ("Impersonal" faussement linéaire qui fait montre de subtilités appréciables).

Mais il arrive aussi que DISINTEREST lâche prise avec le concret, et verse dans le bruit blanc, mat, expérimental et assommant, comme le démontrent les itérations de l'hypnotique "Stethoscope", construit sur une répétition de percussions minimalistes qui ne dévient jamais, des boucles discrètes mais circonvolutives, et un spoken word hurlé. Atypique, il se poursuit sur un intermède purement Speedcore avant de s'achever sur une longue litanie lourde et oppressante, amorcée par un feedback discret. "Repair", le morceau éponyme, semble faire cas de tous les arguments présentés en amont pour en proposer une synthèse, et se veut volontiers Hardcore, Noisy, Punk, en gros, versatile et pourtant complètement compact et cohérent. La voix se fait plus rauque, plus arrachée, les guitares encore plus stridentes, et la rythmique versatile au possible sans pour autant brouiller les pistes ou partir à vau l'eau. Impeccable.

Avec ce second 7'', prouve au même titre que les NERVOUS HABIT que la scène PA est décidemment très active, et permet à des groupes d'horizons divers de s'exprimer pleinement, tout en proposant leur propre interprétation de courants déjà existant.
Tout ça donne clairement envie d'en savoir plus sur ce coin d'Amérique qui ne nous avait pas habitué à tant de créativité.