SCARLEAN est un jeune groupe qui a sorti un premier album à la force du poignet. Pour reprendre la formule de RISE OF THE NORTHSTAR "without label, without management, everything done by ourselves". Du pur DIY mais avec une production vraiment très éloignée du Garage Rock de papa. C'est avec ce genre de projets qu'on mesure le gap franchi par les auto-productions avec l'évolution du digital. Aujourd'hui, un combo qui en veut peut se monter son propre studio, enregistrer, produire et distribuer un disque sans aide extérieur, sans financement et sans dépendre d'un label. Pour le meilleur et pour le pire. C'est ce qu'ont fait les valençois de SCARLEAN avec Ghost, un debut album enregistré, produit et mixé à la maison.

Sans la contrainte de taille qu'imposaient les anciens formats physiques, liberté également de produire une disque hors format. C'est donc un premier effort de 13 pistes et 60 minutes de musique que réalisent les sudistes. Un format généreux, mais aussi une prise de risque, car à trop vouloir en donner on dépasse parfois les bornes.

Le groupe se crée en 2012 autour de son chanteur, Alex. Il y a eu un premier EP 7 pistes en 2014 qui tenait plus de l'enregistrement crasseux sur un antique quatre-pistes dans une cave mal sonorisée. Entre ces deux projets, pas mal d'heures de boulot, des concerts, des fans qui glosent sur les influences et les comparaisons flatteuses : ALICE IN CHAINS, DISTURBED, FAITH NO MORE, KORN... Vous voyez le genre. Enhardi par ces débuts, le groupe décide de passer à la vitesse supérieure. Il monte lui-même son studio et se lance dans le projet Ghost. Gros boulot de composition, lissage des influences et un résultat qui n'a effectivement pas grand chose à voir avec les inspirateurs cités plus haut. Ce debut album est un projet qui a le cul entre deux chaises, ses instigateurs le présentent comme un album Rock Metal, un qualificatif qui en dit long. Une impression de dilettantisme qui se confirme à l'écoute de la galette : on a plutôt affaire à un Rock un peu énervé qu'à du Metal. Ghost se situe dans la même catégorie que Here Come The Sun de KLONE, du Destination Unknown de WATERTANK avec un petit quelque chose de PLACEBO dans l'ambiance. Si la plupart des intros sont assez agressive, avec du gros riff de guitare ou de la méchante batterie, une fois passé l'ouverture, les mélodies se posent, la rythmique se met à ronronner doucement et la machine SCARLEAN embraye sur de la guimauve, dans un genre de Rock pour radios commerciales. Une rythmique un peu trop synthétique, avec une grosse caisse triggée et une basse très en retrait. Des sections de guitare et de batteries plus organiques qui viennent se superposer. Le tout parsemé d'effets Electro, en nappes et en touches. Enfin, un chant clair bluffant, certainement la carte maîtresse du groupe.

Des ingrédients de qualité et de louables intentions ne suffisent pas à faire un bon disque. Malgré une indéniable maîtrise, de bonnes idées et un certain courage, Ghost ne décolle jamais vraiment, aucun hit, aucune apogée, les 13 pistes s'enchaînent et tendent à se ressembler un peu toutes. Une construction similaire, pas de moments de bravoure comme un solo de guitare, une montée dans les aigus du chant ou une explosion un peu épique. Tout cela reste bien plat et un petit peu terne. Ce sentiment est renforcé par des défauts de réalisation.
Si SCARLEAN a bien digéré ses influences, son debut album est plombé par des gimmicks qui donnent à ses morceaux un petit air de déjà entendu ailleurs. Cet effet est amplifié par une production trop appuyée et sonorité très synthétique. Il faut attendre "Get Away From Me (acoustic live session)" la treizième et dernière piste, pour découvrir ce dont le gang est capable quand il lâche un peu la console. Et cette chanson qui vient clore la galette présente du groupe une facette qu'on aimerait un peu mieux connaître.