BLACK SABBATH (uk) - Forbidden (1995)
Label : IRS
Sortie du Scud : 8 juin 1995
Pays : Grande Bretagne
Genre : Heavy Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 42 Mins
Forbidden est le fils indigne de la fratrie. Le petit dernier un peu difforme un peu simplet qu'on a préféré oublier.
Après une tournée en demi-teinte, le groupe a renoué avec le succès lors d'une série de concerts en Amérique du Sud pour laquelle Bill Ward et Geezer Butler ont accompagné Tony Iommi et Tony Martin. Malheureusement la réunion a fait long feu, Geezer puis Bill claquant la porte d'une formation qu'ils ne veulent plus envisager sans Ozzy au chant. Le guitariste rappelle donc Neil Murray à la basse et Cozzy Powell à la batterie, reformant le line-up de l'album Tyr. Mais pour démarquer le SAB et profiter du regain d'intérêt dont bénéficie le groupe, il faut proposer quelque chose de nouveau, dépoussiérer la vieille dame, comme l'explique Neil Murray : "Certains d'entre nous, et particulièrement le management, voulaient donner à BLACK SABBATH un son plus actuel. Comme le groupe était depuis quelques temps cité par pratiquement tous les groupes Grunge comme une de leurs influences majeures, BLACK SABBATH était de nouveau à la mode. Mais c'était le BLACK SABBATH des années soixante-dix, pas celui de Headless Cross. Alors nous nous sommes dit que comme nous ne pouvions pas remonter le temps jusqu'en 1970, autant donner à l'album un son des années 1990, quelque chose de différent" (Neil Murray, 2007)
C'est Ernie-C, guitariste et producteur de BODYCOUNT qui se colle à la console et à peu près tout ce qui a trait à cet enregistrement tourne à la catastrophe. Le producteur essaye de faire changer le jeu de Cozy Powell qui prend mal qu'on remette sa pratique en question. Les enregistrements sont bâclés en deux semaines et le producteur travaille seul à la finalisation du master. Le résultat fait l'unanimité contre lui. "The sound wasn't very good on anything and I wasn't happy at all with that album. None of us was" (Tony Iommi, 2012). L'album déçoit aussi bien le public que la critique et la tournée qui s'ensuit est d'autant plus laborieuse que le groupe n'a pas envie de défendre son dernier né. Cozzy Powell finit par planter le groupe qui rappelle Bobby Rondinelli et essaye de continuer à assurer ses dates (en perdant de l'argent), mais un syndrome du canal carpien oblige finalement Tony à annuler les dernières dates. La discographie studio du Sab se clôture sur un disque un peu honteux. Considéré par Tony Iommi comme "The one that should have been forbidden", Forbidden n'est pas l'ignoble bouse qu'on s'attend à découvrir. C'est surtout un disque mal compris.
Oui, son artwork est un des plus laids de la discographie de BLACK SABBATH (qui en compte pourtant de terribles). Et oui, la production n'est pas à la hauteur. Elle écrase toute la sonorisation, masquer la basse, donner à la grosse caisse un son un peu trop artificiel. Mais de là à considérer que Forbidden est un album bon à brûler, il y a un pas que je ne franchirai pas, car c'est loin d'être le cas.
Tout d'abord, c'est un disque composé par un line-up éprouvé qui a encore quelque chose à dire, Tony Iommi, Neil Murray (basse), Cozy Powell (batterie), Tony Martin (chant) et Geof Nichols (claviers) ont montré qu'ils étaient capables de sortir du mémorable tous les cinq, ils en ont encore sous le capot. Même si elles ne sont pas toutes démentielles, les compos osent effectivement proposer quelque chose de neuf. Comparé à Dehumanizer dont le classicisme Heavy Metal faisait un peu tâche dans les années 90, Forbidden propose quelque chose qui sort du lot. Ls punchy "The Illusion of Power" avec son featuring de Ice-T, "Get a Grip", le Heavy "Rusty Angels" et "Kiss Of Death", grandiose power ballade qui fait une fois de plus ressortir les indéniables qualités de vocaliste de Tony Martin. Non, il n'y a pas grand chose à jeter dans cette tracklist. Si une prod plus soignée aurait bien sûr permis de mieux faire ressortir la qualité des compos et notamment la guitare rythmique et la basse qui sont un peu trop souvent noyés, le résultat est loin d'être aussi catastrophique que le mixage final de Born Again. En outre, force est de constater que cette prod sonne effectivement plus moderne que les précédents disques du sabbat noir. Comme quoi, le résultat était bien conforme au cahier des charges, quoiqu'en dise Tony Iommi.
"Album probablement trop original pour des amateurs de Metal très conservateurs, desservi par un enregistrement bâclé et une production stérile et hors de propos, mal né et mal aimé, Forbidden constituera un des échecs critiques et commerciaux les plus cuisants de BLACK SABBATH." (Guillaume Roos, La bête venue de Birmingham)
Longtemps resté le dernier album du SAB, ce dix-huitième album méconnu mérite qu'on y prête un peu plus d'attention qu'une moue de dédain. Le disque n'a pas été supporté par ses auteurs, certes, mais qui a dit qu'ils avaient le monopole du bon goût ?
Ajouté : Vendredi 20 Mai 2016 Chroniqueur : Rivax Score : Lien en relation: Black Sabbath Website Hits: 5318
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