Influencés par le Speed Metal des années 90, notamment la scène HxC et Crossover de la Bay Area ou des formations comme CRO MAGS et CORROSION OF CONFORMITY, IRON AGE a été formé à Austin, Texas en 2005. Le groupe recherche une fusion entre Hardcore et Thrash et après avoir connu plusieurs changements dans le line-up, se stabilise autour de Jason Tarpey (chant), Reed Thomas (batterie), Matt Jackson (basse) et Wade Allison (guitare). Après avoir publié une première démo sur le label de Tarpey, Next Level Records, le combo poursuit avec son debut album, The Constant Struggle publié chez Youngblood Records en 2006. Quelques 7''s et EP sont pressés dans les années qui suivent. Après plusieurs années de tournée intensive et quelques changements de line-up, notamment l'arrivée de Jarred Allison à la batterie (frère de Tomas) et de Justin "Ribz" Masson à la basse, IRON AGE publie son second LP, The Sleeping Eye en août 2009. Deux ans plus tard, une dernière démo est publiée avant de se séparer définitivement fin 2011.

J'ai découvert IRON AGE en faisant des recherches sur POWER TRIP. En effet, les deux formations sont originaires de la même ville et POWER TRIP, qui a ouvert pour des concerts de IRON AGE a sans aucun doute été très influencé par le son de son aîné, aussi bien sur scène, les deux gangs ayant une certaine tendance à apprécier la baston que dans leurs disques, où les compos sont recherchées et très léchées. Vous l'aurez compris, si vous aimez l'un, vous ne pourrez qu'aimer l'autre. Et si vous ne connaissez ni l'un ni l'autre, il serait temps de vous y mettre. Ces groupes ont en commun un talent qui s'exprime à la fois par la hargne viscérale, le riffing mordant du Thrash et, pour IRON AGE, tout particulièrement sur The Sleeping Eye une inventivité rafraîchissante. Loin de se laisser scléroser par les limites de leur genre de prédilection, le combo explore des territoires laissés vierges par les autres. Il y a bien sûr de ces brûlots Crossover où le chant chargé de haine et de colère viscérale est porté par un riffing très Thrash US oldschool qui rappelle les premiers METALLICA. Dans ce genre, le trio de chansons ouvrant la galette sont de purs joyaux de brutalité sauvage. "The Sleeping Eye Of The Watcher" et ses lyrics faisant référence à l'oeuvre de H.P Lovecraft dont Jason Tarpey est fan. "Disspossessed" et "Burden The Empire", démarrant tous deux par une intro mid tempo hyper Heavy avant de lâcher la bride à la guitare pour partir dans une chevauchée à 300 kilomètres à l'heure et un chant tout ce qu'il y a de plus badass. Mais il y a aussi quelques moments de rémission comme "Materia Prima", morceau instrumental et spatial au clavier ou "A Younger Earth", un mid tempo tourbeux qui lorgne sans faux semblants du côté du Doom / Sludge. "Arcana pt. 1" et "Arcana pt. 2", un diptyque très sabbathien (une autre influence majeure du combo) soufflant le chaud et le froid entre des parties chantées rapides et rentre-dedans et des instru plus contemplatifs. Enfin, pour fermer le ban, "The Way Is Narrow", un monument de plus de dix minutes qui fait la synthèse de toutes les idées développées sur le disque.

The Constant Struggle était un pur disque de Crossover dans la lignée de CRO MAGS auquel le nom du gang d'Austin fait clairement référence. Trois ans plus tard, The Sleeping Eye est un projet très différent, plus ambitieux, plus innovant mais quelque peu déconcertant aussi. L'album est en deux parties, l'une clairement ancrée dans le Crossover, l'autre abordant d'autres aspects du Metal, mais sans renier les fondements du son du groupe. Ce travail entamé sur la face B se poursuit sur The Sagas, l'ultime démo parue en 2011. Mise en image par un arwork crayonné représentant une scène de combat qui ne jurerait pas dans une aventure de Throgal, le projet dure 15 minutes et présente deux morceaux. Des intros monumentales, un jeu mid tempo, une construction complexe, des soli arachnéens et entremêlés, des lyrics tournant autour de la fantasy et de la SF. Pas de doutes, cet extrait annonçait quelque chose de grandiose, théâtral, mais très différent des compos des débuts.

IRON AGE a malheureusement mis le couvercle sur ses secrets et il n'y a pas de refonte prévue à ce jour. Ceux qui les avaient vus sur scène considéraient IRON AGE comme le meilleur moyen pour leur génération de ressentir ce qu'avait pu être CRO MAGS dans les années 80. Je pense quant à moi que POWER TRIP est le meilleur moyen pour notre génération de ressentir ce qu'a pu être IRON AGE à sa grande époque.