Depuis la sortie en 1995 du désormais mythique Destroy Erase Improve, les suédois de MESHUGGAH sont devenus l’un des groupes phares de la scène Extreme, en proposant d’album en album un Metal des plus novateurs où expérimentation et complexité rythmique sont les maîtres mots. Annoncé comme leur oeuvre la plus expérimentale à ce jour et précédé de la sortie du MCD I, ce Catch 33 est en réalité un concept album constitué d’un seul morceau de 47 minutes, décliné sur 13 pistes au découpage farfelu. Le Metal de MESHUGGAH avait déjà la réputation d’être particulièrement difficile d’accès, Catch 33 ne déroge pas à la règle et nécessitera même une immersion supplémentaire, de par son concept étrange et son nihilisme apparent.
D’emblée, les 8-cordistes prennent d’assaut les conduits auditifs de l’auditeur impuissant, et l’assomment à grands coups de riffs monocordes, tout en peignant une toile de fond sombre et envoûtante, par-dessus laquelle la batterie se livre à une débauche de polyrythmies déstabilisantes. Et quand les hurlements Hardcore se muent en une voix robotique sur « Mirror’s face », ou que se dessinent des mélodies insoupçonnées, c’est pour mieux hypnotiser l’auditeur et l’emporter au coeur de cette spirale sonore. Et ce n’est sûrement pas le calme apparent installé par les arpèges de guitare dissonants et sournois qui pourrait faire respirer l’œuvre ou permettre à sa proie de reprendre ses esprits, tant l’atmosphère générale est à la suffocation et à l’étourdissement. Même une fois le tourbillon infernal terminé, le martèlement semble se répéter à jamais dans la tête de la victime, la laissant toute étourdie et désemparée.
Si dans la langue de Shakespeare « Catch 22 » désigne une impasse, Meshuggah ne s’y est pas trompé : une fois encore il ne se joue pas seulement des règles mais les pulvérise totalement. Catch 33, nouvelle pierre dans la discographie unique et passionnante des suédois, est tout simplement génial et envoûtant.